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14 février 2010

Qui a tué grand-maman?

J'ai froid aux pieds, C'est un Dimanche de février qui m'engourdit.

Je ne trouve pas de position confortable, un peu à l'image de ma vie sentimentale.

Ce putain de siège s'affaisse sous moi et m'empêche de penser à autre chose qu'à mon propre confort.

Et ce putain de clavier trop petit m'empêche d'écrire comme je voudrais, toujours deux lettres qui passent sous mes doigts là où je n'en voudrais qu'une.

Et puis fuck, je ne regarde plus l'écran. Beethoven jour Fur Elise dans mes oreilles, et à la vitesse à laquelle je pianote c'est un peu moi qui joue. Ah, ça y est. Sonate numéro 14 en Do dièse Mineur, Sans doute celle qui correspond le plus au ton de l'article. Grandiloquent juste ce qu'il faut, mais triste pourtant. Et en même temps, terriblement beau. D'une beauté grave, blessée, d'une beauté qui se meurt dans les affres de tierces mineures et de sixtes diminuées.

 

Je devais Vous parler de filles; j'y suis prêt. Vous qui me lisez, C'est un Vous singulier, parce que Vous m'avez forcé à me remettre à écrire. un Vous de respect, Vous qui sûtes me réveiller.

 

J'ai froid aux pieds, c'est un dimanche de février que Vous et moi, on a passés seuls. Pour seule compagnie une guitare, peut-être un poème. Un très beau sonnet sans aucun doute. Un bel accord mineur en plein milieu d'une symphonie en majeur. Un vers de romantisme arrosé de spleen dans toute sa splendeur. Une goutte de pluie, prise sur le nez un rayonnant matin de Mai.

 

Dans la forêt verdoyante et fleurie de roses qu'est la Saint-Valentin, où des angelots baroques bandent leurs arcs pour décocher autant de flèches en coeur dans la poitrine des amoureux transis ou comblés, certains s'assoient sous un arbre mort, incongru d'être aussi décharné au milieu de cet étalage de passion, et attendent. Ils regardent les autres. Ils offrent peut-être une fleur ou deux, et peut-être restent-ils seuls parce que personne ne veut d'eux. Peut-être aussi parce qu'ils ne veulent personne. Ou bien peut-être parce que c'est comme ça. Ils n'ont pas su être là au bon endroit au bon moment, pas su trouver les mots qu'il fallait faire jouer sur une feuille de papier, qu'il fallait faire danser au rythme d'un besoin tendre, d'une attente, d'un esprit tout entier tendu vers un être chéri.

 

Il en est qui patientent une journée, d'autres un mois, d'autres une vie. Jusqu'à aujourd'hui j'ai beaucoup attendu. J'ai offert beaucoup de fleurs, des Dimanches de février, des matins d'Octobre et des samedis de Novembre; je n'en ai reçu que très peu. J'en garde toujours deux dans la poche que j'ai du côté gauche.

 

Une vraie rose, une magnifique. Une belle, sincère, épanouie et rouge comme j'en ai peu connu.

Marion. Marion et moi, nous ne nous sommes jamais rencontrés durant la période où on a été amoureux. Par son blog, on s'est connus. Vous imaginez? on a discuté, on s'est téléphoné, on s'est écrit... J'étais réellement amoureux. J'ai failli fuguer à Nantes pour la rencontrer. Et puis finalement, j'ai eu trop peur. Peur de beaucoup de choses, mais surtout d'être déçu. C'était tellement mieux, de croire qu'on a trouvé l'âme soeur, de se confier à msn quand on se sent un peu en manque d'affection, de se faire mousser devant une belle jeune fille qui habite à 500 kilomètres de chez vous. Plus facile aussi. Alors ça a duré, ça s'est effiloché, et ça s'est éteint. D'un jour sur l'autre. Un matin je me suis réveillé, je n'ai pas pensé à elle; c'était le début de la fin.

 

La deuxième fleur que je garde est malade. Flétrie, fanée au possible. Les senteurs de l'amour se sont enfuies vers d'autres paradis de verdure, vers des vergers plus chatoyants. C'est un iris qui meurt tous les jours, un coquelicot dont les pétales s'envolent à l'infini et dont l'effeuillement n'a pas de fin.

 

Emma.

 

Ce nom me fait encore vibrer, ces quatre lettres signifient tellement plus que deux consonnes. Elles sont le goût d'une bouche qui s'offre, l'étreinte chaude de deux bras musclés, et le contact juste rêche comme il faut de cheveux secs qui tendraient vers la dreadlock si on les laissait s'exprimer. Elles sont la sensation de vertige qui me prenait lorsque je voyais dans ses yeux tout le bleu du Ciel et de la Mer. Elles sont l'attente, l'impatience, l'impossible domination de soi quand on voit qu'elle n'a pas écrit. Elles sont le sel d'une larme qui roule sur une joue, un jour où elle a dit qu'elle aimait. Un jour où elle l'a écrit. Parce que le dire, c'était trop dur pour elle. Un jour où on a pu lire cette phrase: "Je t'aime, M., Je t'aime." Elles sont l'acier glacé qui remuait les tripes lorsque l'on allait pour sonner chez elle, trempé par la bruine d'un froid matin de Septembre. Elles sont la chaleur d'un ventre, la brûlante ébullition d'un cou et le rouge d'un visage  qu'on voudrait imprimer pour toujours dans sa tête. Elles sont le doux chuchotement du glissement d'un tissu sur la peau, elles sont les caresses de paumes nues contre un dos tout aussi nu, elles sont le poids d'un ventre sur un ventre, elles sont le contact peau contre peau de deux corps brûlants, elles sont la découverte, et l'amour. Puis elles sont le goût amer d'un après-midi passé sans elle, quand elle avait promis qu'elle viendrait. Elles sont toute la misère du monde qui s'abat sur des épaules, un soir qui sentait la pluie, un soir d'anniversaire, un triste et gris soir d'Octobre. Un soir où on reçoit en pleine face la phrase qui dit que tout est terminé, qu'elle nous laisse sa fleur mais qu'elle brûlera la nôtre. La mienne.

 

Elles sont beaucoup de choses, mais elles sont d'abord l'enthousiasme de la première vraie relation avec une fille. De la première fois où on a senti son coeur battre pour autre chose que la glace au chocolat au dessert ou pour une histoire d'amour qu'on voit se finir mal au théâtre ou au cinéma.

 

Depuis Emma j'ai offert beaucoup de fleurs mais je n'en ai reçu que peu. Aucune, pour ainsi dire. Ou bien de personnes à qui jamais, au grand jamais, je n'aurais eu l'initiative de ne donner ne serait-ce qu'un chardon, que l'on me pardonne. Depuis Emma, la vie a retrouvé un cours semblable à celui qu'elle avait avant. Un cours plutôt plat. Jalonné de bonnes notes, de fous rires entre amis, de soirées agréables et parfois terminées à tout rendre dans un trône en céramique blanc. Plus jamais de baiser, plus jamais de salive étrangère sur les lèvres. Plus rien de reçu.

 

 

Plus rien.

 

 

 

 

 

 

 


Me voilà forcé de Vous remercier pour m'avoir redonné ce goût de l'écriture, du verbe dansant.
Merci à Vous.

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